Tribune de Julien Bruant, lycéen.
Il y a quelques semaines, l’Australie annonçait renoncer aux sous-marins diesel qui devaient être livrés par la France via Naval group. La crise qui s’en suivra va probablement affaiblir les relations entre la France et l’Australie et avec les Etats-Unis, mais force est de constater que celle-ci sera rapidement oubliée par la majorité des français et que l’image de ces pays ne sera pas fondamentalement changée pour autant.
Aussi regrettable que soit cet événement, il n’est que la conséquence logique d’une seule chose : la France n’est pas perçue par nos alliés comme un partenaire militaire viable. Les Etats-Unis ne nous voient probablement pas comme des amis mais plus comme des adversaires stratégiques en Europe et en Indopacifique. Cette vision que les Etats-Unis ont de nous peut paraître absurde. En effet, nous sommes à l’origine même de leur création, comment pourrait-il nous haïr à ce point ? Pour rappel, les Etats-Unis et l’Iran n’avaient pas de si mauvaises relations par le passé. Pourtant, aujourd’hui l’un et l’autre se considèrent comme des menaces.
La vérité est limpide : les Etats-Unis ne veulent pas que la France exporte son industrie de défense, et souhaitent même sa disparition. Aucune industrie de défense ne peut survivre à long terme avec des coûts raisonnables en gardant une capacité d’investissement importante sans exports, construire ses propres avions serait trop cher. Le cas de l’Australie n’est donc ni nouveau ni unique. Déjà cette année, Joe Biden intervenait en Suisse pour y vendre son F-35 alors que le Rafale F3R de Dassault était jugé favori par tous. Belle réussite pour les Etats-Unis, terrible défaite pour la France. Le cas de l’Australie n’est pas si différent : un contrat est négocié à hauteur de 56 milliards de dollars entre l’Australie et la France pour l’achat de sous-marins diesel à leur demande et du jour au lendemain l’Australie rompt le contrat préférant les sous-marins nucléaires américains alors que la France à la totale capacité de fournir des SNA nucléaires. Les Etats-Unis cherchent ici clairement deux choses, affaiblir la défense française et sécuriser leurs intérêts.
Ces cas ne sont pas nouveaux. Il est même arrivé que l’OTAN puisse constituer un outil pour les américains leur permettant de forcer la vente de F-35 ou F/A-18 Super Hornet. La Belgique qui voulait renouveler sa flotte s’est heurté à une clause de l’OTAN obligeant les pays membres à être en capacité d’utiliser la force nucléaire. Il est de notoriété publique que l’Allemagne et la Belgique ne possèdent pas cette capacité. Leurs avions doivent donc être capables de supporter la bombe nucléaire B-61 des américains. Une réponse advient directement dans l’esprit du lecteur, pour l’instant rien ne les empêche d’acheter des avions français. Effectivement, c’est bien le cas. Mais la supercherie arrive. La France ne laissera pas d’autres pays utiliser ses bombes et le traité stipule que la bombe B-61 doit être utilisée. Il serait possible de la monter alors sur des Rafales, mais les Etats-Unis ont une arme en leur faveur, le temps. Dans le cas des allemands, le remplacement des vieillissants Tornado devait être fait rapidement, les américains ont donc imposé un délai extrêmement long pour la certification de la bombe sur les Typhoons pour forcer les allemands à acheter américains, et ça a marché. Les belges, quant à eux, ont acheté des F-35 pour répondre à ce problème. Tour de passe-passe terminé, voilà comment à travers des institutions de “coopérations internationales” on peut vendre ses produits à une bonne partie du monde.
Alors après avoir lu cela, on peut se dire que la France n’arrivera jamais à s’exporter dans les pays occidentaux, et il serait légitime de penser cela. Mais il ne faut pas s’avouer vaincu car si la France faisait cela, vous pourriez dire adieu à votre indépendance et à de nombreux emplois en France. Même si la France a du mal à s’exporter en France, cela ne veut pas dire que la France ne s’exporte pas. Dassault vend des rafales en Egypte, en Inde, aux Emirats-Arabes-Unis et même en Grèce. Aucun autre pays n’a été capable d’en faire autant hormis les USA. Il faut être honnête, vendre nos avions à des pays qui ont toujours été sous l’influence des USA et qui le sont toujours aujourd’hui est difficilement considérable, mais ce n’est pas impossible. Pour cela, il faut que la France devienne un partenaire crédible et avec les capacités de convaincre. Il faut renforcer notre présence maritime en Indo-pacifique pour montrer que la France aussi joue dans la cour des grands et qu’elle est et sera un partenaire stratégique de premier choix. Avant de vouloir conquérir des marchés, il faut sécuriser ce qui peut l’être en renforçant nos partenariats avec l’Inde par exemple qui cherche à se défaire de l’influence américaine et à devenir puissant dans cette région. Faire cela nous apportera une chose, c’est la confiance en la qualité du matériel français. Gagner de l’influence est un travail de fourmis, il est immense mais très important et surtout discret aux yeux des plus grands. Une posture trop agressive éveillera les soupçons des USA, il faut être subtile pour convaincre.
Cette stratégie que je présente ici, ne pourra se faire que si l’Etat français prend ses responsabilités et considère le monde comme il doit l’être, un monde où chacun sert ses intérêts en priorité. Des investissements doivent être fait en grande quantité dans de nombreux secteurs économiques pour régler les nombreux problèmes dont nous souffrons et ne plus laisser aux américains le monopole dans les secteurs technologiques. L’armée se doit d’être remise au goût du jour et plus encore, nous ne devons plus suivre mais être suivis. L’Afrique est un grand enjeu du XXIe siècle car de nombreuses ressources s’y trouvent. Aidons ces pays à se développer et à se sécuriser tout en nous développant de notre côté, cela nous sera fort utile et permettra aussi d’endiguer la progression chinoise sur ce territoire stratégique. Des gestes doivent être aussi fait pour montrer aux populations des DOM-TOM qu’elles sont françaises et que la métropole ne les oublie pas.
Bruant Julien.